Mubō to fukushū

“puis après ? Il arrive quoi ?.. Tu vas retourner voir qui ?”

il ne le savait lui-même pas. il avait une main entre sa joue et l’oreiller. légèrement recroquevillé. la main libre déposée contre son kunasagi. ce qui l’avait surpris dans le discours de faust avait été l’utilisation du verbe “retourner”. il s’était rendu à un nombre inimaginable de réflexions, s’indignant de considérer ce qu’il pourrait arriver, après. ce n’était tout simplement pas sa priorité. aussi, même s’il serait prêt à se sacrifier pour tuer son grand frère itachi, il n’avait aucune idée de comment tout cela en viendrait à se finir. peut-être, au final, que c’était lui, qui allait mourir.
parfois, sasuke se disait que ç'aurait été plus simple de rester à konoha, mais autant pour venger son clan que pour lui-même, s’il n’avait pas fait tout ces efforts, il savait qu’il serait passé à côté de quelque chose d’important. sans savoir, quoi. “est-ce que la réponse à la vengeance, c’est la justice ?” parfois, il rêvait de sakura. ça lui arrivait notamment lorsqu’il était triste et qu’il désirait du réconfort. il se rappelait de cette nuit au-dessus des têtes des hokages où il s’apprêtait à lui dire qu’il aurait voulu être des forces de police de konoha et suivre les pas de son père, fugaku uchiha. et même si les circonstances l’avaient amené à s’énerver de naruto, sasuke en tirait un sourire depuis le repère d’oto avant d’aussitôt perdre cet attachement, se rappelant que trop y penser entacherait son objectif.


pourquoi t’intéresses-tu à mon avenir ?

c’était ce qu’il avait demandé à faust, les quelques heures plus tard. sa main contre sa ceinture. l’air détaché. il referma la porte de la chambre de son interlocuteur du pied avant de dissimuler ses bras croisés entre les manches de son kimono. avait-il flairé, comme kakashi, son intention de s’émanciper d’orochimaru et déserter oto ? en s’intéressant à lui de plus près, c’était prévisible. faust n’en avait pas l’apparence, néanmoins, sasuke le trouvait quelque part “redoutable”. il s’en méfiait même plus que de kabuto.

je me suis lassé de konoha. quant à mes interactions à oto, elles ne sont là que pour me servir à atteindre itachi.

il avait banni certains mots de sa vie tel qu'amitiés, liens et relations. à l’exception d’une seule personne, parce que mieux que quiconque, elle savait les représenter et les porter : uzumaki naruto. il cligna des yeux, pris de fatigue. d’ailleurs, il aurait préféré avoir cette discussion avec personne d’autre que naruto, et l’unité 7. sasuke soupira lourdement, ennuyé.

?!

profiter d’un état de faiblesse ? il fronça de l’arcade. ses lèvres entr’ouvertes laissèrent son visage, déconcerté. il se contenta de relâcher ses deux mains pour le vide. le uchiha se fichait que ses intentions soient percées au grand jour. ils l’auraient su tôt ou tard. il s’était décidé à quitter oto, car il considérait avoir suffisamment d’acquis. il profitait de la volonté du sannin à raison de mieux le manipuler. il s’en égayait dès lors qu’il avait intégré oto. toph l’avait compris la première parce que sasuke voulait qu’elle le sache, voilà la raison pour laquelle elle lui menait la vie dure. il se contenta d’écouter faust en silence. la marionnette portait un thé qu’elle tenait à lui amener. il se dit que s’il la prenait, il acceptait de maintenir la conversation. sasuke tenait en proie le regard de son interlocuteur.

comment peux-tu affirmer cela ? demanda t-il, comme à son habitude voulant savoir et comprendre.

pour s’élever, sasuke avait envisagé de tuer orochimaru.

son arcade se fronça au déroulé des révélations. ses lèvres s’en étaient même entr’ouvertes. la marionnette tenait encore son thé. lui, bien trop captivé par ce qu’il venait d’entendre, refusait encore la tasse, pourtant fumante. une phrase retint son attention : orochimaru avait misérablement échoué à avoir son frère, et c’en était la raison pour laquelle il s’intéressait particulièrement à lui. sharingan. le ninja déserteur abaissa soudainement la tête, ferma fortement ses poings et fit la moue.

alors c’est ça, sa réelle intention… posséder mon sharingan.

son cerveau était engourdi, et ses pensées s’envolaient comme de la fumée. à bien y réfléchir, il se préoccupait tellement d’itachi qu’il en avait écarté la terrible menace que représentait orochimaru. faust venait de le rappeler à l’ordre. il considéra un moment son interlocuteur. il reconnaissait que faust était un vieux loup de mer du village caché du son. de fait, il détenait de précieuses informations. pas si étonnant quant on sait que le mentor de faust est kabuto ; ses dires ne pouvaient qu’être vrais, s’en conclut le uchiha.

le village caché se teintait de malveillance et de suspicion. sasuke comprit qu’il n’atteindrait pas son frère aîné grâce au sannin, et ce même en sacrifiant son propre corps. il resta un moment, absent.

une très longue période pour utiliser son jutsu… répéta t-il, amer.

il continua à observer le sol, las. ses cils battaient entre eux. ses doigts relâchèrent la pression qu’il y avait inscrite. il expira lentement, plaçant son attention finalement sur ce thé dont les senteurs de matcha le charmait depuis plusieurs minutes déjà. s’en saisissant, il vint s’asseoir sur ses talons contre un coussin à même le sol.

qu’est-ce que tu sais d’autres ? questionna t-il, intéressé.

il resta à observer son thé un long moment. dorénavant, tout lui semblait plus clair concernant les réelles intentions d’orochimaru. faust venait de confirmer l’évidence que sasuke avait réfléchie depuis plusieurs mois déjà : la sannin serait de ceux qu’il allait devoir éliminer pour atteindre sa vengeance contre itachi.

toi, après itachi, que vas-tu faire ?

au nom de son frère, il fronça de l’arcade en portant ses avant-bras sur la table, les poings serrés.

!

ses yeux s’agitèrent. il fallait s’y attendre, à ce questionnement dont il se gardait d’avoir la réponse. même naruto, n’en était pas au courant. il rapprocha ses bras pour les croiser derrière son thé. quelque part, faust s’était engagé à lui annoncer la vérité, et le uchiha préférait s’en faire un allié qu’un ennemi. il clôt ses yeux afin de se laisser le temps à la réflexion. faust avait écarté les doutes qu’il avait pu avoir. il était même conforté par autant de transparences concernant les plus haut gradés de oto. il éleva doucement son visage, voulant inscrire ses yeux à ceux de son interlocuteur en signe de respect et de poids à ses paroles qu’il allait lui révéler.

si je devais définir ma vision… ça serait d’élucider mes questionnements sur mon clan, et reprendre le département des forces de police de konoha. affirma t-il en souriant légèrement, une lueur de volonté teintait son regard.

rien n’était pourtant certain. il ne pouvait prédire les événements, les prochaines rencontres ou confrontations qu’il aura à endurer. aussi enviait-il énormément à naruto qui semblait être destiné à devenir le prochain hokage du village de konoha. sasuke remarquait l’affaiblissement de faust. aussi, il avait remarqué que le cadavre qui lui avait apporté du thé avait disparu.

je m’érigerai à l'encontre de toute personne susceptible de compromettre ma voie, kabuto et orochimaru compris. et je serai prêt à revoir ma vision, s’il le fallait.

et si ce n’était pas suffisant pour qu’il comprenne là où le uchiha voulait en venir.

as-tu envisagé ton avenir sans eux ?

que répondre ?

sasuke revit le moment où il s’apprêtait à partir de konoha. ses mains aux poches. ses lèvres à l’oreille de sakura, ‘arigato’, puis la laisser inconsciente. partir. il se souvint des paroles à l’attention de naruto, lorsqu’ils s’étaient aperçus au repère même, et celles que kyubi lui avait adressé ‘je vais te dire une bonne chose. ne tue pas... naruto... tu risquerais de le regretter... amèrement !’. la tension entre lui, et kakashi qui l’avait attaché à un arbre. il se rappela de ces premières nuits à des lieux de son village natif. toute l’excitation que lui procurait l’inconnu qui le rapprochait toujours plus de son objectif. ça n’avait pas changé à aujourd’hui. de sa vengeance, il n’en avait jamais été aussi proche, d’ailleurs.

je me moque bien que ce chemin soit meilleur ou non, tant que je mesure ce que je fais et parvienne à ce que souhaite ! s’agaça t-il.

faust l’avait déçu, en un sens. alors, il se leva du coussin où il reposait. il se hissa de toute sa hauteur, la main portée à ses cheveux, se tenant ainsi devant lui. les traits de son visage s’étaient froncés. il enfouit sa main en son kimono. après avoir considéré le tensei un bon moment, il exhala. son menton se redressa délicatement, méprisant son interlocuteur du regard.

je crois que tu n’as pas l’air d’avoir bien saisie à qui tu t’adresses. reprit-il las. à compté de cette fameuse nuit, on a fait de moi le responsable du clan uchiha. que les choses soient claires, que ça soit probable ou non, je ne démordrais pas de ce fait-là : je reprendrai le département des forces de l’ordre de konoha et ferai renaître mon clan.

il imposa le silence.

je ne le répèterai qu’une dernière fois, orochimaru ne m’intéresse plus. affirma t-il, les yeux clos. ce qui m’attend désormais se trouve bien au-delà de tout ce qu'on me donne ici, et je n’ai aucun temps à perdre. il abandonna son regard pour lui tourner le dos. ses cheveux noir de jais perlèrent contre sa nuque, couvrant sa marque à son cou. tout ce que je peux te dire… c’est que tu ferai mieux de t’affranchir de ces personnes qui restreignent ta situation. il déporta légèrement son visage pour le regarder une dernière fois par-dessus son épaule. oto s’en porterait certainement mieux.